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Phénoménologie des projets informatiques
Ce billet est un brouillon largement inspiré par le Lightning-talk de Benjamin Lorteau (de 30:50 à 35:26). Comme j'ai moi aussi mon lot de projets poubelles, j'ai fouillé ma corbeille afin de vous déterrer quelques pépites de projets merdiques. La vie n'étant qu'un espoir perpétuellement renouvelé j'espère mettre à jour ce billet avec de futurs nouveaux plantages.
Spoiler (Sélectionnez le texte dans le cadre pointillé pour le faire apparaître)
Il a de la chance ce Benjamin Lorteau, moi aussi j'aimerais bien avoir une interprète en langue des signes placée juste à ma droite
Je ne suis pas un mathématicien, je ne suis pas un logicien, je ne suis qu'un pathétique technicien. Comme tous les autres techniciens j'ai largement appris sur le tas. Comme tous les autres techniciens j'ai mon lot de ratages épiques.
Depuis l'explosion de la bulle internet et le succès d'Harry Potter (qui prouve que la magie est amusante, au contraire de la technologie qui est terriblement ennuyeuse) on sent comme qui dirait une baisse des vocations informatiques. Donc selon toute vraisemblance ce billet ne vous intéresse pas mais ça ne fait rien puisque je le rédige pour moi d'abord.
Petite ontologie de mes plus beaux plantages
Tant va la cruche à l'eau
C'est le fameux "j'ai oublié la conception".
On essaye de compenser avec de la motivation mais ça ne marche pas. Parce que la motivation ne remplace pas l'expérience et la compétence.
Le Frankenstein raté
sur une suggestion de Ragnarork . Cette fois-ci j'ai écouté les injonctions des ouvrages de conception. Découper le projet en plusieurs composants indépendants communicants avec des protocoles biens définis. Chaque sortie d'un composant est une partie de l'entrée du composant suivant et le tout s'assemble comme un charme. Le hic : le dataflow ne convient pas du tout, de l'information capitale s'est perdue en cours de route parce qu'un composant en amont n'en avait "pas besoin". Du coup en aval c'est la galère pour récupérer ce qui a été "oublié" sans démanteler toute l'encapsulation.
Le lièvre et la tortue
C'est typiquement le projet de compilateur ou de système d'exploitation. Qui part de zéro, avec une équipe d'une personne, et donc qui n'arrivera jamais à rattraper les solutions plus matures déjà bien entrenchées qui ont déjà saturé le marché. De toute façon même si le projet arrivait à maturité, pendant ce temps là la valeur ajoutée se serait évadée vers un autre marché.
Le One Shot
Le petit projet réalisé en 15 jours , simple comme du Tetris, mais qui n'a jamais de succès ni de descendance.
Le Titanic
Une merveille de beauté conceptuelle et d'élégance technique.
Moi c'était le projet OCaml-Idaho . Jusqu'à ce qu'on me demande de faire des "tests unitaires".
La solution à la recherche d'un problème
Typiquement j'ai résolu un problème algorithmique ment réputé comme étant "difficile". Il ne reste plus qu'à trouver un débouché. J'ai dans les mains une solution abstraite, mais pour quel problème concret ?
Le Phoenix
C'est le projet académique par excellence . Il n'y aura jamais aucun débouché avant le 23ième siècle. Nonobstant l'attrait intellectuel est tel qu'on y revient forcément ou qu'on y repense à chaque fois qu'on s'ennuie.
La grenouille qui voulait devenir aussi grosse que le bœuf
Une sorte de retenue m'a empêché d'avouer celle-ci. Genre : je n'y ai pas touché, ailleurs peut être mais ici non. Et pourtant si, moi aussi je me suis fait avoir. Alors, vous allez être déçus, même pas un petit projet d'IA avec des canons lasers géants pour conquérir le monde ( vous l'avez échappé belle). Par contre une idée m'a effleuré un moment : le fait est que (selon mes estimations) il ne faut pas plus d'environ 300 briques distinctes pour créer un thème lego espace. De plus la conquête spatiale ça n'existe pas donc si c'est pas réaliste on s'en fiche un peu puisque ça ne ressemble à rien de connu. Par conséquent on peut faire n'importe quoi pourvu que ça tienne debout. D'où mon idée génialement naïve :
• cataloguer les volumes et les points d'assemblage pour environ 300 pièces lego "space"
• prototyper un algorithme top-down qui, à partir d'un langage de description, décomposerait un modèle en un assemblage de building-patterns
• prototyper un algorithme bottom-up qui arrangerait un tout solide et cohérent
L'erreur à la base de ce genre de projet c'est de croire qu'on l'on peut concevoir quelque chose d'intelligent sur une base 100% grammaticale. Alors qu'au contraire, tout ce qui est intelligent requière une quantité énorme de connaissances et de créativité.
Les derniers commentaires
C'est marrant je n'avais même pas tilté qu'Ertaï avait fait une mini-conf pendant cet évènement. Dommage, parce qu'au final, c'est très intéressant !
En lisant cet article, je me rend compte aussi que mes projets tombent au final dans les catégories que tu mentionnes, voire dans d'autres du même acabit.
Le projet de type Frankeinstein raté ? Tout les morceaux fonctionnent, tous les modules répondent aux attentes... et puis c'est le merge, et là catastrophe, ça ne s'emboite pas comme on l'avait prévu, des cas particuliers ou des choses que l'on avait pas anticipé foutent l'architecture en l'air, etc... et la motivation pour travailler là dessus tombe au fur et à mesure que l'on trouve des éléments à revoir/refaire/rustiner complètement, alors que le merge devait être la petite touche qui fait que tout marche et prenne vie....
Je trouve ça un peu idiot, et me sens vraiment neuneu dans ces cas là, et ça m'est arrivé plusieurs fois déjà, soit en équipe, soit seul...
Dragoris il y a plus de 11 ans
C'est intéressant quelque part, d'un côté tu te vautres (je dis ça amicalement) dans l’auto-flagellation, et de l'autre tu te désoles de ne pas rencontrer de succès, ou bien que des choses sans débouchés (et donc sans apport de succès ni d'argent) sont ce qui te plaît le plus.
Déjà, je suis désolé, mais le succès a été au rendez-vous pour Zeami's Birthday. En tout cas moi j'avais vraiment bien aimé. Mais il ne tourne que sur Windows, isn't it ? Et voilà bien la preuve que tu sais faire quelque chose de très utile (pour ceux qui aiment les jeux et la réflexion, surtout les deux liés, comme c'est le cas dans ce forum. Sauf Pololessuper, lui n'aime pas la réflexion, son plaisir c'est le Protoss Fatality).
Je pense que plus tu t'auto-flagelleras, plus tu auras du mal à te relever de ta déprime. Si tu passes tes journées à faire quelque chose qui te plaît, c'est déjà plus que beaucoup de gens sur Terre non
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Ragnarork il y a plus de 11 ans